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VSD N° 1772 du 11 aout 2011



Rockoeur

Merci Amigo

Mais où était Johnny ?


Pour la première fois depuis cinquante ans, aucune photo, pas la moindre info sur les vacances du chanteur. Un black-out total qui alimenta les rumeurs les plus folles. En fait, Johnny bossait.

Depuis le temps, pensez, on s’y était habitués ! Et, au même titre que le résumé filmé du Tour de France, la météo des plages et les conseils de Bison futé, les vacances de Johnny fai­saient partie de nos rituels estivaux. Avant même que Puff Daddy, alias P. Diddy, n’explose le PIB du Botswana en champagne millésimé en un après-midi sur la plage de la Voile-Rouge, les vacances à Jojo étaient un peu les nôtres. Et puis là, plus rien. Depuis le 20 juin et l’arrivée du clan Hally­day à l’aéroport de Saint-Barthélemy, ce petit paradis fiscalement généreux des Antilles françaises, pas la moindre photo, pas le plus petit écho des vacances de l’Homme. Soyons francs : s’il n’avait traversé, si ce n’est le Styx, du moins les très sérieux problèmes de santé qui poussèrent le président Sarkozy lui-même à envisager des obsèques nationales, on ne s’inquiéterait pas plus que cela. Mais là, à un mois de l’invraisemblable challenge qu’il va s’impo­ser – jouer au théâtre, une première, deux mois et demi durant, une pièce de Tennessee Williams, prélude à une tournée des scènes qui le verra fêter ses 69 ans au Stade de France –, on flippe pour de vrai. Est-il malade ? S’emmerde-t-il ? Alors, nous sommes partis à la quête d’infos. Ce qui, vous l’allez lire, ne fut pas sans difficulté. Mais une chose semble acquise : rassurez-vous, Johnny va bien. Il va même très bien.

Depuis le 20 juin, donc, c’était silence radio. Et une absence totale de photos qui ne pouvait s’expliquer par la seule brouille du chanteur avec Daniel Angeli, son photographe attitré depuis des années et qui lui aussi possède une villa à… Saint-Barthé­lemy. Cet été, il y invita Catherine Battner, l’ancienne attachée de presse du chanteur, et tout ce petit monde ne se croisa même pas sur le confetti des Caraïbes ! Un black-out inimaginable, à peine tempéré par une incroyable interview dans le… New York Times du 15 juillet, où Steven Erlanger résumait la carrière du Français en chiffres éloquents : plus de 100 tournées au compteur et autant de disques enregis­trés, 47 albums studio et 26 en public. Un mois plus tôt, Johnny fêtait ses 68 prin­temps à Los Angeles puis s’envolait, le 20, pour Saint-Barth et cette villa dont il ne sortit quasiment pas, ne rejoignant ainsi même pas l’Hexagone pour assister aux funérailles de sa cousine Desta, avec qui il fit ses premiers pas sur scène, à l’âge de 13 ans. « On a dû le voir une fois ou deux, se rappelle une caissière du Marché U de Saint-Jean, dans le centre de Saint-Barth. Faire les courses avec Laeticia, comme un couple normal, quoi. » Plusieurs proches sont catégoriques : s’il ne sortait pas, c’est tout bêtement parce qu’il bossait. « Il démarrait chaque matin par une heure de gym, assure l’un d’eux, puis s’enfermait avec Sam, son coach venu de Paris, dans l’un des bungalows, pour répéter son texte. Quatre heures avant le déjeuner et autant l’après-midi. » Les quelque cent vingt feuillets du Paradis sur terre pour lesquels Johnny s’est rasé le bouc et aura chaque soir la peau teinte car –Nino Ferrer en avait rêvé, Johnny le fait – son personnage est noir. Métis, plutôt. Le Paradis sur terre, un huis clos étouffant, avec trois personnages, Loth (Julien Cottereau), son demi-frère Chicken (Johnny, donc) et, au centre, Myrtle (Audrey Dana), tous rassem­blés dans une baraque mena­cée par la brusque montée du Mississippi. La mise en scène est de Bernard Murat. « Je ne l’ai jamais vu aussi concerné, atteste un intime du couple. Il est comme un soldat. Mort de trac. Au taquet. » Car, cette fois, Johnny devra faire appel à sa seule mémoire : ni prompteur ni oreillette sur la scène du théâtre Édouard-VII, et pas davantage de doublure voix façon Érick Bamy.

Lire l'article intégral dans VSD n°1772 (du 11 au 17 août 2011)